Accords de mots, participes passés, chiffres… Une étude révèle que la grammaire est un terrain miné pour les adultes. Et si vous révisiez vos basiques? La méthode d’Anne-Marie Gaignard, coach en orthographe.
Les résultats du premier baromètre Voltaire publié ce 11 juin sur les Français et les fautes d’orthographe est sans appel: une moitié de salariés seulement maîtrise les règles fondamentales de français. Problème: ces fautes peuvent entamer la crédibilité d’un cadre, au pire ruiner une carrière. Remédier à ses carences est pourtant possible. Trois leçons pour éviter les embûches les plus courantes.
1. Les mots se terminant en é, i, u et er
Dès que vous avez ces types de terminaison, posez le stylo et réfléchissez. Un réflexe à acquérir aussi devant l’écran, les erreurs y venant plus vite puisque vous tapez un texte lettre par lettre, sans vision globale et déliée des mots.
1/ Les substantifs finissant par é.
Le principe de base: je peux toucher l’objet nommé, j’écris « ée », sinon j’écris « é ».
Ainsi, je peux toucher la poignée mais pas la vérité ni la convivialité.
Les exceptions: le temps qui passe où il faut écrire « ée ». Exemples: soirée, matinée… Pensez alors: « Je peux toucher le cadran de l’horloge. »
2/ Les participes passés. Opérez une relecture systématique de la phrase en marche arrière jusqu’à rencontrer les auxiliaires « être » ou « avoir ».
Illustration: « Il est trois heures et demie passées. » On se questionne: « Qu’est-ce qui est passé? » Les heures, donc il faut un « e » et un « s » à passé. « Qui est-ce qui est demi ? » C’est l’heure, donc il faut un « e ».
Autre exemple. « Les sommes que nous avons perçues. » Le « u » pose problème. Rebroussez chemin, vous stoppez à l’auxiliaire « avoir ». Question. « Et nous avons perçu quoi? » Il faut remonter la phrase pour chercher la réponse: « les sommes ». Dès lors, allez sur le « u » et pensez: une somme « e » et des sommes « s ». Donc deux lettres à ajouter au « u ».
3/ L’infinitif. Même technique de relecture. Exemple : « Le directeur ne va pas tarder à rentrer. » Arrivé au bout de la phrase, lisez en reculant d’un mot et vous tombez sur la conjonction « à ».
La règle est la suivante: employer l’infinitif après « à », « de », « pour », « sans » (ou retenez « a2% »). Donc il faut écrire rentrer avec « er ». Puis reprenez la même phrase et reculez encore d’un mot, vous tombez sur « va ». La règle voulant que quand deux verbes se suivent le deuxième est à l’infinitif, tarder s’écrit lui aussi avec « er ».
2. Les chiffres et les nombres
Rappelez-vous, jamais de « s » aux chiffres, jamais de « s » à mille: « Ils étaient dix mille participants au dernier congrès. »
En revanche, million et milliard prennent des « s ». Comme ces « millionnaires » et « milliardaires », heureux gagnants du Loto.
Il n’y a pas de « s » à cent, sauf lorsque vous le multipliez : de deux cents à neuf cents. Si la centaine est suivie d’un chiffre, il n’y pas de « s ». Pensez : « Impossible de le caser, il n’y a pas de place pour lui! » Exemple : trois cent trois.
Autre chausse-trape : le chiffre vingt. Le chiffre en lui-même ne prend pas de « s »: cent vingt. Sauf 80. En toutes lettres ça donne quatre-vingts.
En revanche, suivi d’un chiffre rond il ne s’accorde pas. Là encore, il n’y a pas de place pour le « s ». Exemple: quatre-vingt-quatre.
3. Les mots d’usage
Le doublement des consonnes f, m, n, p, r, t, etc., est un vrai casse-tête. Pour se fixer les idées, mieux vaut trouver des astuces mnémotechniques. Exemples: l' »accueil » d’un stagiaire, avec deux « c » car on accueille avec les deux bras ouverts; « démarrer » un projet, avec deux « r » car il y a deux opérations dans l’action, introduire la clé puis la tourner. Amusez-vous à trouver ainsi des situations qui marqueront votre esprit.
Autre truc, joignez le geste à la parole. Théâtralisez ainsi la sentence à haute voix. « Je t’aperçois », masquez un oeil avec la main pour mémoriser qu’il n’y a qu’un « p » comme un seul oeil ouvert… « Je t’aplatis », écrasez un objet avec la main pour mémoriser un seul « p » comme une main… « Je t’aplanis », même chose en passant la main sur un bras… « Je m’apitoie », itou en posant la main sur une épaule… « pour t’apaiser », itou en caressant l’épaule, « tant tu es apeuré[e] », itou avec une pression accrue. Tous les autres mots en « ap » prennent deux « p ».
Par ailleurs, tous les mots commençant par « il » prennent deux « l » sauf « île » et « îlot ». Et tous ceux commençant par « af » prennent deux « f » sauf « afin », « Afrique », « africain » et termes dérivés.
(1) Auteure de trois ouvrages : « Coaching orthographique, 9 défis pour écrire sans faute », De Boeck-Duculot, 2010 ; « Grammaticus », éditions Duteil, 2010 ; « Hugo et les rois », réédition à paraître en août 2013.