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Comment postuler à une offre d’emploi quand on est trop expérimenté.

Doit-on répondre aux offres d’emploi stipulant “trois à cinq ans d’expérience”, quand on en a beaucoup plus que cela ? Comment se comporter en entretien d’embauche face à la question de l’âge ? Quand peut-on estimer qu’il y a discrimination ?

“Les entreprises ont tendance à faire de la surenchère : elles exigent des compétences confirmées, mais rémunèrent à moindre salaire. À part dans les cas où elles recherchent des expertises rares, beaucoup d’offres d’emploi de cadres ciblent actuellement des candidats ayant entre trois et cinq ans d’expérience”. Une manière de sélectionner par l’âge ? Fort de cette certitude, doit-on pour autant abandonner l’espoir d’obtenir un poste qui pourtant nous correspond ?

Pas si simple car il faut bien être conscient que la plupart des offres d’emploi sont des ‘copié/collé’ d’autres annonces, c’est une habitude courante. Et que leur contenu correspond souvent au fantasme du recruteur sur le candidat ‘idéal’ : 30 ans, un homme, ayant fait une bonne école… c’est un stéréotype. Or, s’il rencontre quelqu’un de compétent, quel que soit son âge, son idée de départ peut changer. D’ailleurs, dans les faits, les trois quarts des offres stipulant un tel critère se traduisent par une embauche de quelqu’un de plus ou moins jeune que prévu.” Tenter sa chance dans ce contexte peut donc être payant, en prenant certaines précautions.

Attention à la discrimination

La désillusion peut, en effet, être au bout du chemin. Consultante en organisation dans le domaine des spectacles, Fatoumata, 45 ans, a ainsi répondu à une annonce pour un CDD de un an de responsable adjointe dans un grand établissement public culturel. Administration du système de billetterie, relations avec les prestataires, gestion des offres et du système informatique, ce poste très opérationnel – bien que légèrement en dessous de ses responsabilités actuelles – correspondait largement à son expérience, elle qui travaille dans ce secteur depuis dix-sept ans. Toutefois, elle passe outre un “détail” de l’annonce : le poste s’adresse à des candidats ayant entre 3 et 5 ans d’expérience. Fatoumata envoie son CV bâti sur ses compétences avec sa photo, sans mentionner son âge. “À force de nous dire qu’après 40 ans on est déjà vieux sur le marché du travail, je suis devenue prudente. Surtout dans le domaine de l’événementiel, où on apprécie les jeunes.” Erreur ?

Quelques jours après, Fatoumata reçoit un mail poli du recruteur, “s’excusant de lui demander son âge, car la responsable du service a une trentaine d’années”. Fatoumata avoue avoir été “choquée” par la brutalité de la question, posée avant même qu’on ne la convoque à un entretien. Malgré tout Fatoumata répond en indiquant son âge, en prenant soin de préciser dans son mail que cela ne lui posait aucun problème d’avoir une supérieure hiérarchique plus jeune, que seuls comptent le respect et l’esprit d’équipe et qu’elle était prête à en discuter au besoin par téléphone. Mais à ce jour, aucun retour… C’est un cas typique de discrimination par l’âge.

Des raisons avouables… d’autres moins ?

Les motifs peuvent être cependant justifiables et difficilement contournables : En réalité, si le recruteur est attentif à la question de l’âge pour des questions de poste ou de salaire, il ne prend pas de risque en indiquant un niveau minimum d’expérience requis. Si une entreprise a décidé que trois ans d’expérience suffisaient pour occuper un poste sans trop de responsabilités, elle acceptera difficilement un candidat qui en affiche dix.

Le recruteur craindra que la personne se sente trop à l’étroit et se sente frustrée sur ses perspectives d’évolution professionnelle. À ces préoccupations légitimes viennent se greffer d’autres motifs, qui le sont nettement moins : celui de l’âge du manager, comme c’était le cas pour Fatoumata.

Si le candidat a 45 ans et doit être dirigé par un trentenaire, ce dernier peut le percevoir comme un possible concurrent susceptible de lui faire de l’ombre.

Comment répondre ?

La question posée à Fatoumata était sans doute maladroite, mais légitime. Si la question de l’âge en entretien est choquante, n’en prenez pas ombrage. La meilleure technique consiste à prendre du recul.

En entretien d’embauche il faut toujours tenter de recadrer l’entretien sur ses compétences. Mettez en avant vos expériences avec des équipes plus jeunes si vous en avez vécues, (lors d’un projet ou d’une formation par exemple), ou votre capacité d’adaptation à différents environnements de travail. S’il s’agit d’être encadré par une personne plus jeune, appuyez-vous sur des exemples factuels illustrant votre adaptabilité et votre souplesse par rapport à l’autorité. Le fait d’avoir travaillé dans des modes de fonctionnement hiérarchiques très différents peut être un atout. Si le contact passe bien mais que votre “séniorité” crée une difficulté au regard de la rémunération fixée, vous pouvez aussi tenter de négocier une évolution de salaire possible à moyenne échéance.

Savoir ce que l’on peut accepter. Si vous avez répondu à une offre avec une indication de salaire, c’est que vous êtes d’accord avec le principe de cette rémunération. Le recruteur indique parfois une durée d’expérience en présageant qu’un “senior” ne sera pas intéressé. Or, c’est à vous de l’évaluer, en fonction du prix du marché et de l’offre et de la demande. Il peut arriver que finalement, il décide, au vu des compétences du candidat, de faire un effort financier. À vous aussi d’analyser, en amont, vos véritables motivations et vos besoins pour convaincre.

Privilégiez le réseau. L’issue n’est cependant pas garantie. Sur un marché de l’emploi concurrentiel, tout ce qui peut apparaître comme un retour en arrière, au niveau de l’expérience ou du salaire, est difficile à intégrer pour un recruteur. Surtout lorsqu’il a le choix entre plusieurs candidats dont certains correspondent exactement au profil recherché.  Mieux vaut donc privilégier son réseau et les candidatures spontanées plutôt que de répondre à des offres d’emploi aux critères trop restrictifs en termes d’années d’expérience.  Un moyen aussi pour les quadras de s’éviter des épreuves démoralisantes… Dans tous les cas, inutile de le cacher : le recruteur verra tout de suite que si cette information manque, c’est que vous tentez de la dissimuler. Il y a toutes les chances qu’avant l’entretien, il vous demande cette précision. N’oubiez pas qu’il faut toujours axer vos réponse sur les compétences. Bonne chance!!!