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Entretien d’embauche, CV: les mots qui agacent les recruteurs

Trop lus, trop entendus, trop « auto flatteurs », certains termes employés à l’écrit ou à l’oral peuvent desservir le plus brillant des candidats s’il n’y prend pas garde. Conseils d’experts.

Quel vocabulaire adopter pour accrocher les recruteurs qui parfois croulent sous les CV et enchaînent les rendez-vous? Rassurez-les en personnalisant vos messages. Si certains mots sont attendus, il faut les enrichir, les contextualiser. Et se défier des expressions rebattues.

Les superlatifs

J’ai parfaitement réussi dans…; Je suis un excellent manager; un battant; le meilleur; un travailleur acharné; un fonceur. 

Ces substantifs et adjectifs font partie de la liste noire des mots que les professionnels des RH ne veulent pas lire sur un CV, « Les termes subjectifs sont considérés comme négatifs, car ils ne contiennent pas d’information réelle » Ce que vous pensez de vous n’intéresse pas vos interlocuteurs, ils veulent des faits, des résultats, des preuves. A vous d’en émailler vos écrits et discours, la conclusion élogieuse s’imposera d’elle-même.

Les platitudes

Je me donne beaucoup; je m’implique corps et âme; j’aime le challenge; je suis mobile.

« Personne ne sait trop ce qui se cache derrière ces mots fourre-tout qui prêtent à interprétation,  On peut en déduire, entre autres, que votre investissement est sans limite au point de manquer de recul. Or, un cadre doit savoir prendre de la hauteur en toute situation. » Afin de préciser votre pensée, interrogez-vous d’abord. Quel est le degré de mon implication? Quels types de défis me plait? Suis-je mobile à l’étranger ou en France? Sur le même emploi ou un autre? Quels exemples ciblés choisir?

Les faux sens

Reporting; communication corporate; gestion; valeur ajoutée; feedback

Mis à toutes les sauces, certains termes sont parfois employés de travers. Exemples: communication corporate à la place de publicité commerciale, direction financière à la place de service comptable. « La moitié des candidats ignorent ce que ces termes recouvrent vraiment, s’agace ainsi Catherine Euvrard, PDG du cabinet de chasse de têtes CE Consultants. Le reporting, par exemple, consiste à confirmer noir sur blanc et en deux lignes un fait, une décision évoqués en réunion ou au téléphone ». Donc oubliez l’idée que « reporting » équivaut à rapports fleuve ou tableaux à gogo. Trouvez des synonymes: compte-rendu, note de synthèse, rapport d’activités…

Les mots creux

Directeur;responsable; gouvernance

Quand elle entend par exemple « directeur qualité », Catherine Euvrard est prompte à vérifier le véritable niveau de responsabilités affiché. « Je demande illico, ‘Vous avez déjà licencié quelqu’un?’. S’il y a hésitation ou que la réponse est floue, je peine à croire l’intitulé du poste énoncé. Il ne sert à rien de donner des titres ronflants, j’ai besoin de savoir où le candidat se place dans l’organigramme, de qui il dépend, le chiffre d’affaires géré, la taille de son équipe ».

Les clichés

Leader; efficace; rigoureux; sens du résultat; dynamique; motivé; énergie

Certes, ces vocables ont du relief, mais « ils ne se suffisent pas en eux-mêmes, analyse Marie-Ange Laurier. Il faut leur inculquer du sens en les illustrant de cas concrets ». En quoi êtes-vous « axé résultats »? Indiquez des chiffres, des actions avec des verbes (ou substantifs) positifs: augmenter, réduire, négocier, lancer, piloter, obtenir, réaliser, former, parrainer, résoudre, remporter etc.

Les familiarités

Ma boîte; mon boss; business; capter le message; cool; ça le fait; faire bouger les lignes; booster

Ces formulations, d’un style « relâché » risquent de déstabiliser le recruteur. « Même détendu et en confiance, parlez en bon français. Pour partager un ressenti, usez de phrases explicites » préconise la consultante de l’Apec. Même si cela semble quelque peu alambiqué, ce sera plus audible. Plutôt que « je le sens bien », dites « je perçois bien votre niveau d’exigence, je pense avoir les moyens et les compétences de… » Au lieu de « C’est tendance », dites « ce phénomène se développe », « cette démarche est très utilisée », etc. Entraînez-vous, ce sera plus facile le jour « J ».

Les mots dans l’air du temps

Consensus; win-win; proactif; cobranding; coworking; start-up attitude; roadmap; buzz marketing 

« Les termes en vogue et les anglicismes sonnent bien, mais si votre interlocuteur ne baigne pas dans votre univers, vous créerez des distorsions de langage qui brouilleront l’échange ou l’effrayeront », alerte Marie-Ange Laurier. De surcroît, l’abus de jargon irrite responsables de recrutement et consultants. Vous pouvez vous y risquer deux ou trois fois en une heure d’entretien, pas plus (sauf entre gens de métier). Optez pour un champ lexical simple: écoute, équitable, esprit collaboratif, créatif et innovant, feuille de route etc.