Face
Certaines maladresses peuvent être un détail pour vous, mais pas pour le recruteur. Car elles captent leur attention, au point qu’elles les détournent de l’essentiel: l’examen serein de votre candidature. Voici ce qu’il faut surveiller dès les premières minutes de la rencontre.
- Le téléphone vissé à l’oreille
« L’accroc au téléphone qui poursuit sa conversation démarrée en salle d’attente, tout en glissant, « Excusez-moi Madame, je vous suis », ça m’agace, expose d’emblée Catherine Euvrard, PDG du cabinet de chasse de têtes CE Consultants. Qu’on envoie des mails ou SMS passe, mais appeler alors qu’on sait qu’on va venir vous chercher, j’y vois de la discourtoisie. » Ce comportement interroge. Est-il le signe d’une mauvaise organisation personnelle? D’un manque de recul? De sur-réaction envers les sollicitations? « Jouez la politesse, recommande Catherine Euvrard, via une formule toute simple. « Je vous prie de m’excuser, j’en ai pour une seconde » », et abrégez l’échange.
- Une tenue vestimentaire négligée
Absence de cravate, baskets déchirées, jupe trop courte… Un faux pas dans la tenue peut être rédhibtoire, notamment chez les cadres. « Je me souviens d’un candidat sur un poste de commercial export, qui s’est présenté pieds nus dans des mocassins, raconte Jean-François Darmagnac, président du cabinet de chasse de tête Mindfield. Mon client, distributeur de vins, en a été choqué, obsédé. Il a dépêché son DRH auprès de l’intéressé après l’entretien, pour savoir pourquoi il n’avait pas mis de chaussettes. Réponse: il avait cette habitude. Le PDG a estimé que l’homme manquait d’intelligence des situations, et il l’a illico rayé des listes ». Dans l’univers de la mode, ce look n’aurait pas été scandaleux. Néanmoins, veillez à être nickel, en tout lieu.
- La main molle et moite
« J’ai parfois l’impression de serrer un gant de toilette avec un savon au fond, assène Catherine Euvrard, chez CE Consultants. » 79% des recruteurs accordent de l’importance à la poignée de main. Elle est le premier contact physique avec son interlocuteur. Il faut donc s’entraîner et repérer quels effets produit la vôtre. Et le jour « J », mettez du talc au fond de la poche afin de l’assécher à loisir. Ni vu, ni connu!
- Les coudes sur le bureau, buste penché
« Cette attitude est typique de ceux qui veulent montrer qu’ils sont des leaders. Ils jouent le « décontracté sûr de lui ». Et occupent l’espace, afin de prendre l’ascendant », selon le chasseur de têtes Jean-François Darmagnac. Attention, l’entretien n’est pas un rapport de force. Oubliez les conseils qui poussent à s’affirmer à tout prix. Gardez une distance physique avec votre vis-à-vis, afin de respecter sa sphère d’intimité.
Pour y parvenir, imaginez la table divisée en 3 zones. Le 1 er tiers est votre espace personnel, vous y posez vos mains, vos documents. Le 2 ème tiers est l’espace partagé entre vous et le recruteur, c’est la zone de transmission des dossiers. Le 3 ème tiers est l’espace personnel du recruteur, y placer les mains ou des objets sera perçu comme intrusif.
- La logorrhée interminable
Durant le pitch, vous enchaînez les subordonnées, « qui », « que », « lequel », « dont », etc., avec moult détails dans des phrases à rallonge. Le recruteur perd le fil de l’échange et vous-même ne savez plus ou vous en êtes. Or, il attend d’un cadre qu’il ait l’esprit de synthèse. « Un manager, notamment, a besoin de décider vite, avec des éléments précis, il doit donc savoir écouter ses collaborateurs, pour récolter ces informations. », souligne le dirigeant de Mindfield. Apprenez à faire court et sobre.
- L’abus d’acronymes
« C’est insupportable, on n’y comprend plus rien, s’étouffe la Catherine Euvrard chez CE Consultants. Surtout que la plupart des sigles employés, sont des sigles maison. Un sabir hermétique, ou du franglais. Les candidats ne se rendent pas compte, ils sont dans leur bulle sans se mettre à la place de leurs interlocuteurs ». Facile à corriger ! Et si l’abréviation est indispensable, donnez la traduction.
- L’absence de prise de notes
Ce directeur d’usine, muni d’un joli CV, n’a pas été retenu pour une raison : il n’avait pris aucune note sur les enjeux du site à piloter, ni écrit aucun chiffre (qualité, absentéisme, accidents du travail etc.), durant près de deux heures. « Il a été perçu par le client comme quelqu’un de superficiel, qui ne saurait pas creuser ces données, ni aller au bout des choses, dépeint Jean-François Darmagnac. Du coup, ça a semé le doute et toute son expérience a été passée au peigne fin, révélant des failles. » Face à tel candidat, Catherine Euvrard, y va franco. « Je leur dis, « c’est formidable, vous avez-tout dans la tête! » »
Pour vous en sortir, expliquez que vous êtes parti très vite, sans avoir attrapé papier et stylo. « On peut l’entendre de cadres intermédiaires qui ne sont guère libres de leur temps », assurent les consultants. Puis, au fil de l’eau, montrez-votre intérêt en couchant noir sur blanc des points capitaux, ou vos questions.