Vous reprenez un service avec une obsession : faire très vite bonne impression. Mais à vouloir » trop bien faire » vous risquez de vous mettre l’équipe à dos. » Gare aux écueils de l’apprenti manager « .
» Qu’il soit débutant ou expérimenté, le chef qui débarque dans une nouvelle entité se précipite souvent par l’envie de réussir au poste. Ses intentions sont louables. Mais souvent, par crainte de ne pas être à la hauteur, il se met la pression tout seul et s’aveugle. Et en se ruant dans l’action, il va délivrer des messages qui seront mal interprétés par l’équipe. Voici les cinq attitudes à proscrire pour éviter de créer malentendus et tensions lors de sa prise de fonction.
1. Égrener la liste de ses réussites
» C’est moi qui ai fait progresser de 15% le chiffre de l’entité et qui ai décroché le contrat avec ce client gros brésilien… On va faire du bon boulot ! » C’est en ces mots qu’un chef des ventes promu responsable de la SAV a entamé sa première réunion d’équipe. Ce qui jeta un froid. L’assistance a chuchoté : » C’est un arrogant ou un fanfaron ! « . Arborer ainsi ses exploits par des » j’ai vu, j’ai fait, je sais.. » est casse-cou. Ce manager, voulait assoir d’emblée sa légitimé en donnant des gages de succès.Dites-vous que vous avez mérité ce poste. Vous n’avez aucun CV à produire.
Le risque : insinuer que les collaborateurs ne sont pas au niveau, voire nuls.
Le conseil : attendre qu’on vous questionne à l’occasion d’une pause café. « Vous venez d’où ? Qu’avez-vous fait?… » Et laisser faire le bouche à oreille.
2. Se poser en sauveur de l’équipe
Ecoutez, on va tout remettre à plat ! Il va falloir revoir l’organisation, le mode de reporting, la répartition des tâches… « . Vous allez tout casser parce que vous avez de bonnes idées et que vous êtes certain de faire mieux. Attention ! Sans en avoir conscience, vous dévalorisez le travail déjà accompli par l’équipe et… votre prédécesseur, encore dans les murs parfois. Ca peut vous coûter cher en termes de réputation.
Le risque : démotiver d’un seul coup l’équipe.
Le conseil : l’interroger sur les pratiques antérieures, les changements utiles, les pistes d’amélioration avant d’émettre des suggestions.
3. Mettre son grain de sel partout
» Sur le déploiement informatique, n’oublie pas de contacter le DSI ! « … » Et sur ce projet, tu comptes t’y prendre comment ? « . Lorsque vous voyez vos collaborateurs en tête à tête dans votre bureau, afin de faire connaissance, évitez de le leur expliquer la bonne façon d’exercer leur job. Une erreur classique chez l’expert promu chef d’un service technique ! Etant du métier, il se sent autorisé à se mêler des dossiers dans le moindre détail. Pire, glisser à un salarié, en pleine action, » Entre nous, juste un petit conseil, fais plutôt ceci… », sera perçu comme intrusif et condescendant. Vouloir tout contrôler est un mauvais signal envoyé à l’équipe. Elle va se cabrer ou se désengager.
Le risque : donner au collaborateur un sentiment d’incompétence et lui rogner les ailes.
Le conseil : écouter les besoins de chacun, proposer votre aide et surtout ne pas l’imposer.
4. Vouloir des résultats rapides
» Je veux les rapports d’activité 2010-2012 d’ici la fin de semaine « , » Il me faut pour 18 heures le bilan du dossier Y discuté ce matin en réunion »… Soucieux de faire ses preuves, le nouveau promu veut aller vite. Il accélère la cadence en négligeant d’expliquer le contexte, se forgeant ainsi une image de capricieux ! Prenez garde à cette attitude de caporal-chef. Les gens sont de bonne volonté, mais seulement si vous donnez du sens à votre demande. Exemple : » Je veux établir un budget prévisionnel le plus précis possible. Je souhaite donc au plus tôt les notes de frais sur les six derniers mois « . Cela, c’est positif.
Le risque : créer la défiance dans l’équipe, surtout auprès des seniors, vos ainés.
Le conseil : être clair sur ses objectifs à long terme, ils justifieront les exigences à court terme.
5. Se défausser sur la hiérarchie
La direction a parfois bon dos. » On m’a demandé de livrer plus vite, je sais, c’est difficile, mais je n’ai pas le choix ! « . Vous venez d’adopter les règles des 5C » C’est c…, mais c’est comme ça ! « . Vous êtes tout en empathie avec l’équipe sans assumer votre rôle de leader sur un enjeu capital ou désagréable. Ne l’esquivez pas avec des » on doit « , » il faut « . Malgré votre inexpérience ou anxiété, exprimez une volonté managériale grâce au » je « . L’équipe a besoin de sentir que vous êtes à la barre.
Le risque : être perçu comme un fantôme, incapable de gérer la pression.
Le conseil : réapprendre à dire » je » : je veux, je souhaite, j’aimerais, etc.