Oublieux des horaires, rivé sur ses mails devant la télé… Drogué du boulot, votre conjoint sacrifie tout à son job ?
La situation est classique, elle n’en est pas moins frustrante. Les nerfs en pelote ou désabusé, le (la) partenaire* du workaholic souffre d’être devenu secondaire dans sa vie. Au-delà d’une certaine philosophie – nécessaire pour résister – il doit savoir que cette frénésie peut être en partie amenuisée. Il faut souvent rappeler à l’autre les priorités de vie et ses responsabilités de mari, père, compagnon (ou d’épouse, mère, compagne). Six stratégies à tenter.
1. Clarifier son propre ressenti et ses besoins
Vous devez dire à cet intoxiqué du business que son indisponibilité continuelle ne vous convient pas. Pas question toutefois d’improviser. Procédez en trois temps.
1/ Clarifiez vos émotions : tristesse, lassitude, méfiance, désarroi…
2/ Décortiquez le pourquoi : il n’y a plus d’échange, de partage des tâches, d’écoute…
3/ Listez vos besoins avec précision afin d’éviter les malentendus. Car ce que vous voulez, c’est faire des choses à deux, avoir du soutien pour les affaires domestiques…
A éviter : réagir sur l’instant, l’impulsion est mauvaise conseillère.
2. Lui exprimer ce qui ne va pas
Choisissez un moment calme pour lui parler. « Je suis insatisfait », « je me sens triste parce que… » Et exposez-lui ce qui vous manque pour être bien, en utilisant le « je » et les conditionnels qui proposent: « j’aimerais que tu rentres deux soirs par semaine à 19 heures. », « … Que tu oublies tes écrans lors des dîners entre amis et la nuit »… Un tel message peut être entendu.
A éviter : être dans la plainte ou être dans l’exigence, ça le braquera.
3. L’impliquer dans des règles de vie
C’est la suite logique de la discussion. Prenez un rendez-vous sérieux avec votre partenaire. Vous établirez ensemble un règlement intérieur au quotidien afin de contenir son addiction. Il est capital de solliciter ses idées et avis sur la future organisation puis de prendre des décisions partagées : créneau pour les courses, heures des repas… Programmez des loisirs en commun (l’abonnement est un bon truc, il oblige). Abordez aussi le « qui fait quoi ? » pour l’inhabituel : réserver les billets SNCF, appeler le plombier… A noter sur son agenda professionnel (et le vôtre) au même titre qu’une contrainte professionnelle. Chacun doit prendre sa part.
A éviter : rester rigide sur le planning ou être dans le flicage, source de conflits.
4. Fixer des rendez-vous de régulation et féliciter
Il y aura des imprévus, des empêchements… Prévoyez des tête à tête rapides et réguliers pour intégrer les urgences qui déboulent au bureau ou à la maison. Vous ajusterez à deux l’affectation du temps et des tâches. Profitez-en pour complimenter votre conjoint sur ses efforts ou le remercier. En revanche, tenez bon en relevant les engagements non respectés sous prétexte de dossiers ou réunions prioritaires au bureau. Le workaholic cherche des échappatoires.
A éviter : régler les dysfonctionnements dans le couloir, c’est une fuite.
5. S’entendre sur des gages dissuasifs
Pour parer aux récidives répétées entendez-vous sur un système de compensation. Il consulte dix fois son mail au durant le dîner ? Il passe deux heures de trop devant son PC le dimanche matin ? Il sera de corvée de vaisselle ou de gestion des feuilles maladies. Vous pouvez même convenir avec lui d’un barème financier selon la fréquence de l’infraction et sa gravité : 5 € le coup de fil intempestif, 30 € l’annulation d’une soirée cinéma… C’est une méthode pratiquée aux Etats-Unis dans les thérapies de couple et qui marche bien. Vous pouvez remplacer l’argent par un cadeau, une séance de massage ou une journée en bord de mer.
A éviter : planquer les outils de travail, ça peut dégénérer.
6. L’alerter des conséquences du statu quo
Vous êtes à bout, rien n’y fait. Evaluez à quoi vous êtes prêt si rien ne bouge. Puis informez ce stakhanoviste des dossiers avec sérénité. « Les vacances, c’est à ton tour de t’en occuper, surcroît de travail ou pas. Si rien n’est calé dans les quinze jours, je pars en Corse chez ma cousine! ». S’il rentre trop tard, là non plus vous n’attendrez plus: vous irez au restaurant et à ses frais, etc. Faites-lui comprendre que vous allez vivre votre vie de votre côté. Et ne flanchez pas, appliquez ce que vous dites. En lui suggérant peut-être, de consulter un spécialiste.
A éviter : faire du chantage ou de supplier, ça rend tout le monde malheureux.
* Dans un souci de simplification, nous avons utilisé le masculin. Il n’empêche le conjoint accro du boulot peut bien entendu être une femme !