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1. L’entreprise a des vices cachés
L’expérience nous a dicté une règle d’or : une entreprise en difficulté va toujours plus mal qu’on ne le croit. Parce que pour garder la structure en vie, ses dirigeants ont fait feu de tout bois : ils ont retardé le paiement des fournisseurs, « omis » de payer certaines dettes fiscales et sociales, demandé le report d’échéances bancaires, décalé des règlements de loyers, etc. De plus, ils peuvent avoir pris des mesures d’économies nuisibles à la qualité de la production, comme le recours à des matériaux bas de gamme, la diminution du service client, l’abandon des contrôles qualité… » Sans compter deux autres fléaux : « En général, le personnel est démotivé, et l’image de marque de la société dégradée »,
Ce que vous devez faire : Constituez une équipe, même restreinte, qui saura vous conseiller et anticiper avec vous les pièges à éviter. Réalisez un audit complet (financier, juridique, fiscal, commercial, social) avec l’aide d’experts chevronnés, afin de vous faire une idée réelle de l’étendue des dégâts. Rencontrez le personnel de l’entreprise : le(s) dirigeant(s) actuel(s), les représentants syndicaux, et un maximum de collaborateurs (tous si vous le pouvez).
2. Votre cible est peut-être incurable
Beaucoup de gens font la même erreur : ils confondent l’opportunité de racheter une entreprise à bas prix avec l’intérêt stratégique de la reprise. Une Entreprise de fabrication de montres en redressement judiciaire peut être très bon marché, mais si ses produits sont obsolètes et si son marché a disparu, elle mourra ! » C’est un fait : certaines entreprises en difficulté ne peuvent pas être sauvées. Soit parce qu’elles n’ont plus de marché, donc plus de raison d’être. Soit parce que leur santé est tellement dégradée qu’elles ne sont plus guérissables.
Ce que vous devez faire : Etablissez un diagnostic, puis un pronostic. »Analysez les raisons pour lesquelles la société s’est trouvée défaillante, sans partir du principe que vous êtes plus intelligent que le précédent dirigeant. Puis menez une analyse stratégique de l’entreprise, sans concession, afin de déterminer objectivement s’il existe des effets de levier pour lui permettre de se retourner et si elle a ou non les capacités de se redresser. »
3. Vous devrez vous décider très vite
Dans une entreprise en difficulté, chaque jour qui passe sans action est un jour où la situation s’aggrave. Tout le monde le sait : les dirigeants des entreprises malades, les mandataires ad hoc, les conciliateurs, les administrateurs judiciaires, les juges des tribunaux… Si vous souhaitez reprendre une société mal en point, vous aurez donc très peu de temps pour analyser son dossier et faire une offre.
Ce que vous devez faire : Concentrez vos recherches sur les secteurs que vous connaissez le mieux. « Seules deux catégories d’acteurs sont capables, en quelques semaines, d’analyser les forces et les faiblesses d’une société en difficulté et d’identifier les leviers d’amélioration de sa rentabilité : les entrepreneurs ou investisseurs du métier concerné et les spécialistes du redressement de sociétés. Donc, sauf si vous êtes un « pro du retournement », visez en priorité des boîtes de votre secteur ! »
4. Vous nagerez en environnement complexe
Pour reprendre une entreprise en difficulté et poursuivre son activité, il y a deux périodes propices : en amont du dépôt de bilan, aux stades du mandat ad hoc ou de la conciliation ; et après le dépôt de bilan, au stade du redressement judiciaire, dans le cadre d’un plan de continuation ou de cession. Mais pour toutes ces procédures, le corpus juridique et judiciaire est tellement complexe et mouvant que le candidat à la reprise peut facilement passer à côté de règles essentielles !. Interlocuteurs à contacter, conditions à remplir, pièces à fournir, précautions à prendre, timing à respecter… S’orienter dans le monde de l’entreprise en difficulté requiert des connaissances, des compétences et des connexions dont peu de repreneurs disposent.
Ce que vous devez faire : « Recourez à un binôme de spécialistes: un avocat ayant l’expérience des entreprises en difficulté, et un expert financier sachant lire les comptes de ces sociétés particulières ».
5. La relance va vous coûter cher
La reprise d’une affaire en difficulté nécessite toujours de réinjecter du cash juste après. Il arrive même que l’acquéreur se rende compte, au bout de quelques semaines, qu’il faut remettre 1 ou 2 millions dans la boîte pour qu’elle survive. D’où proviennent ces besoins de financement ? « Une société en difficulté n’a plus de crédit fournisseurs, de plus, l’arrivée d’un nouveau patron se traduit souvent par la perte de clients qui avaient une relation « intuitu personae » avec l’ancien dirigeant. Ces facteurs génèrent un important besoin en fonds de roulement. » Mais ce n’est pas tout. Pendant de nombreux mois après la reprise, cette « perfusion de liquidités » va devoir se poursuivre : afin de régler (le cas échéant) le passif restant dû, mais aussi de réinvestir pour faire repartir l’activité… Et attention : « Les fonds nécessaires devront être trouvés en autofinancement. Les banques ne prêtent pas pour reprendre une société en difficulté.
Ce que vous devez faire : Prévoyez le cash nécessaire pour « rebooster » illico votre cible, mais aussi une « enveloppe bis » pour couvrir les besoins financiers de toute l’année qui suivra le rachat… et les imprévus.
6. Vous y passerez un temps fou !
Acquérir une affaire en difficulté, c’est vivre à un rythme effréné pendant les six à douze mois suivant la reprise. Vous devrez régler des urgences du matin au soir, et en parallèle, agir pour relancer l’entreprise : remotiver les troupes, supprimer les coûts inutiles, réinvestir judicieusement, faire du commercial…
Ce que vous devez faire : « Mettez-vous en mode projet : constituez une équipe et déléguez certaines tâches. Car vous ne pourrez pas consacrer tout votre temps de travail à gérer l’entreprise acquise, surtout si vous dirigez déjà une autre affaire ! » Mais assurez-vous aussi, avant de vous attaquer à la reprise d’une affaire en difficulté, que vous aurez l’énergie pour mener un tel chantier à bout.